#TerreFragile#NetGalleyFrance
Avant toute chose, je tiens à remercier chaleureusement NetGalley France et les éditions Stock pour cette découverte éditoriale remarquable.
Aujourd’hui, je vous propose de découvrir le roman de Claire Fuller intitulé Terre fragile, traduit par Mathilde Bach, paru en janvier 2024 aux éditions Stock, collection La Cosmopolite, 377 pages.
Synopsis
Lorsque l’on vit en marge de la société, il suffit d’un pas pour basculer.
Les jumeaux Julius et Jeanie ont toujours su qu’ils étaient différents. À 51 ans, ils habitent encore avec leur mère, Dot, à l’écart d’un petit village anglais nommé Inkbourne. Le cottage qu’ils louent depuis leur naissance les protège du monde extérieur. Dedans, ils jouent de la musique et chantent, dehors, ils plantent, cueillent et chassent ce dont ils ont besoin pour survivre. Cette vie-là est la seule qu’ils connaissent et la seule qu’ils désirent. Lorsque Dot meurt soudainement, leur existence se trouve ébranlée et les menaces pleuvent sur leur foyer. Alors que Jeanie et Julius se démènent pour préserver leur petit sanctuaire et ne pas sombrer dans la pauvreté, les secrets de leur mère refont surface, bouleversant leurs certitudes les plus profondes.
Terre fragile est tout à la fois un portrait saisissant de la marginalité et de la précarité dans l’Angleterre rurale et un magnifique roman sur la trahison, l’amour et la résilience.
Traduit de l’anglais par Mathilde Bach
Une plongée poignante dans la vie de deux jumeaux marginaux
Claire Fuller nous transporte dans un monde à part, où la pauvreté et la marginalisation définissent le quotidien de Jeanie et Julius, les protagonistes de « Terre fragile ».
Vivant dans un cottage isolé, ces jumeaux de cinquante et un ans sont confrontés à la mort de leur mère, une tragédie qui les plonge dans un tourbillon d’événements inattendus, à commencer par où, quand et comment aura lieu l’enterrement. Et sur ce, je ne vous en dis pas plus, vous le découvrirez en lisant le livre.
Avec une écriture sensible, voire sensitive car riche de détails olfactifs, et efficace, l’auteure tisse habilement une toile de misère et de dignité, dépeignant avec pertinence les luttes silencieuses de ceux qui vivent en marge de la société.
Dans ce roman, la famille Seeders incarne un refus catégorique de la générosité et de la charité, même dans les moments les plus difficiles.
Marginaux et précaires, ils rejettent obstinément toute forme d’aide, que ce soit du gouvernement ou de leur entourage.
Leur fierté absurde se nourrit de cette indépendance radicale, faisant de leur refus une valeur fondamentale.
Pour eux, accepter la charité équivaudrait à renoncer à leur dignité et à leur autonomie, même lorsque les circonstances sont les plus éprouvantes.
Ce choix les place en marge de la société, mais pour eux, c’est là qu’ils trouvent leur identité, leur véritable liberté.
Au cœur de ce récit poignant se trouve la relation complexe entre Jeanie et Julius.
Leur lien fraternel est à la fois leur plus grande force et leur plus grande faiblesse, alors qu’ils luttent pour survivre dans un monde qui les rejette. Fuller explore avec finesse les nuances de cette relation, révélant ses failles et sa résilience face à l’adversité.
« Terre fragile » offre également une réflexion profonde sur la nature humaine et sur la manière dont la société traite ses membres les plus vulnérables.
À travers les yeux de Jeanie et Julius, nous sommes confrontés à la cruauté et à l’exploitation, mais aussi à la solidarité et à la compassion qui émergent dans les moments les plus sombres.
L’intrigue du roman se déploie lentement, captivant le lecteur avec des rebondissements inattendus et une tension croissante. Alors que les jumeaux se retrouvent pris dans un collimateur d’événements tragiques et de secrets bien gardés, le suspense monte, nous tenant en haleine jusqu’à la dernière page.
Je recommande chaleureusement.
Citations de Claire Fuller in Terre fragile :
« Elle ne l’avait sans doute pas exprimé aussi clairement, néanmoins le message que Jeanie avait reçu était que l’instruction, pour les gens comme eux – les pauvres, les paysans –, ne ferait que l’arracher à la place qui était la sienne – la maison. »
« Julius pose un billet de vingt sur la table. Vingt livres pour un jour de travail. « Ne t’en fais pas. On va y arriver. » Jeanie sait qu’aucun d’entre eux n’y croit. Ils regardent l’argent sur la table. « Rien ne va changer, dit-il. – Vraiment ? » Il coince la vièle sous son menton et passe l’archet sur les cordes. « On est toujours restés tous les trois, non ? Eh bien maintenant, ce sera juste nous deux. »
« Et tout à coup, aussi vite qu’il était venu, le rire disparaît. « Pauvre maman. – C’était à peine une vie, hein ? lance Julius. – Elle était heureuse , je crois. Elle nous avait nous, le jardin, le cottage. La musique. – Ça suffisait, tu crois ? – Bien sûr que ça suffisait. Moi ça me suffit. »
« À la fin, il est impossible de ne pas devenir ce que les autres croient que vous êtes », déclare le Dr Holloway. Julius n’écoute que d’une oreille, il a un œil et son autre oreille dans le coin de la pièce entre le canapé et l’escalier de gauche. « C’est une citation de Jules César. Plus je vieillis, plus je la trouve juste. »
« Que diront-ils de lui quand il sera mort ? se demande Julius. Qu’il vécut avec sa mère, puis avec sa sœur. Qu’il travailla dur, mais sans jamais gagner assez d’argent. Ne fit jamais rien de sa vie. N’alla jamais nulle part. Qu’il avait le mal des transports.«
« – Je n’arrête pas de te dire qu’on devrait faire ce concert au Plough. – Je ne le ferai pas, tu peux économiser ta salive. Avec tout ce monde qui regarde, juge, murmure. Ce que je vois chaque fois que je vais au village me suffit. – Personne ne fait attention à toi, Jeanie. Ils sont tous trop préoccupés par eux-mêmes. Fais-moi confiance. On devrait essayer. Je parie que tu adorerais. On serait payés. Holloway a dit qu’il pourrait bien faire venir quelqu’un pour nous écouter. Un gars qui s’intéresse aux chants folkloriques régionaux, quelque chose comme ça. »
« Elle a le sentiment de devoir des excuses à Dot, les choses ont si mal tourné en si peu de temps, alors que sa mère était parvenue à les maintenir tous ensemble dans le cottage durant plus de cinquante ans. Tous ces efforts réduits à néant en deux semaines.«
La note De Lire Délire
+Le bon point : Un triste portrait de famille installée dans un cottage en marge de la société. Une exploration profonde de la condition humaine, de la lutte pour la survie et de la quête de dignité dans un monde souvent sans scrupule. Je recommande.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Dites moi tout en commentaires !