#Lejourdavant #NetGalleyFrance
Avant de toute chose, je tiens à remercier chaleureusement NetGalley et les éditions Steinkis pour cette découverte éditoriale remarquable.
Aujourd’hui nous allons parler du roman graphique intitulé Le jour d’avant _ D’après le roman de Sorj Chalandon, de Romain Dutter et Simon Géliot, paru en mai 2024 aux éditions Steinkis, 240 pages.
Synopsis
« Venge-nous de la mine, avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis. À sa mort, mes poings menaçant le ciel. Je n’ai jamais cessé de le lui promettre.
J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, mort en paysan. Venger ma mère, morte esseulée.
J’allais tous nous venger de la mine. Nous laver des Houillères, des crapules qui n’avaient jamais payé leurs crimes. »
Au-delà de leur travail d’adaptation, Romain et Simon enrichissent cet album d’un cahier documentaire, résultat d’un travail de terrain, à Liévin, au Musée de l’école de la Mine ou encore au Centre historique minier de Lewarde.Le jour d’avant, Romain Dutter, Simon Géliot, Steinkis, 2024
À la mine, à la mort
Le jour d’avant, bande dessinée adaptée du roman éponyme de Sorj Chalandon, est un thriller psychologique qui nous plonge dans un drame historique et familial.
Basée sur un fait réel, l’explosion de la mine de Liévin le 27 décembre 1974 qui a coûté la vie à 42 mineurs, cette œuvre explore des thèmes sombres tels que le deuil, le déni, la culpabilité et la condition ouvrière des années 70.
L’histoire suit Michel Flavent, un homme marqué par l’admiration qu’il vouait à son grand frère Joseph, surnommé Jojo. Ce dernier, fier mineur malgré les réticences de leur père fermier, est gravement blessé lors de la tragique explosion de la mine en 1974 et succombe à ses blessures quelques semaines plus tard, loin des honneurs et des hommages rendus aux autres victimes.
Ce drame familial s’accentue lorsque leur père, rongé par le chagrin et les remords, se donne la mort, laissant à Michel une lettre avec un ultime souhait : « Venge-nous de la mine, mon fils ».
Quarante ans plus tard, après une autre vie passée à Paris aux côtés de Céline, Michel retourne dans sa région natale avec la ferme intention de venger la mémoire de son frère et de son père. Sur ce je ne vous en dis pas plus vous le découvrirez en lisant le livre.
Pour ma part : de l’esthétique de la disgrâce
La force de cet album réside dans ses dessins réalistes et ses couleurs expressives.
Les séquences de souvenirs sont teintées de sépia, contrastant avec de superbes aplats d’aquarelle pour la narration principale et les horizons contre-jour pour le chapitrage.
Cependant, les personnages sont souvent esquissés de manière irrégulière, voire difforme, ajoutant à l’ambiance angoissante de l’histoire. Ce choix artistique me semble volontaire, destiné à nous perturber et à nous plonger dans la spirale trouble, complexe et vengeresse de Michel Flavent.
L’évocation de la condition ouvrière des années 70, particulièrement des Gueules Noires, rappelle les œuvres classiques de la littérature sociale, notamment Germinal de Zola, auquel la narration fait plusieurs fois référence. Cette thématique confère une profondeur historique et sociale à la bande dessinée, rendant hommage aux luttes et aux sacrifices des mineurs.
En fin de compte, Le jour d’avant ne présente pas de héros au sens traditionnel du terme. Les protagonistes sont tous marqués par la tragédie, la culpabilité et la quête de justice.
Les véritables héros de cette histoire demeurent les mineurs morts dans l’explosion de la mine de Liévin, ceux qui ont sacrifié leur vie pour soutenir l’économie française durant les Trente Glorieuses.
Leur courage, leur dévouement et leur fierté, souvent passés sous silence, sont mis en lumière par cet album, rendant hommage à leur contribution indispensable et leur mémoire impérissable.
Mention spéciale : Il y a un dossier documentaire très interessant à la fin de l’album. Pour ainsi dire, le genre de lecture difficile mais nécessaire que je recommande pour ne pas oublier les tragédies de la grande Histoire.
Aperçu :
La note De Lire Délire
*La phrase que je garde en souvenir :
+Le bon point : Les couleurs vibrantes, la complexité de Michel Flavent et la thématique sociale enrichissent l’œuvre, en faisant une lecture mémorable et percutante. C’est une bande dessinée qui, tout comme son roman d’origine, marquera les esprits par sa profondeur et son engagement.
-Le moins bon point : Les choix artistiques audacieux, bien que parfois déroutants, servent à la perfection le récit sombre et intense de Chalandon pour un rendu final âpre mais cohérent.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Dites moi tout en commentaires !