Aujourd’hui nous allons parler de l’album intitulé La route, de Manu Larcenet paru en mars 2024 aux éditions Dargaud, 160 pages.
Synopsis
L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets hétéroclites, censés les aider dans leur voyage. Sous la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l’humanité. Survivront-ils à leur périple ?
Après « Le Rapport de Brodeck », Manu Larcenet adapte de nouveau une oeuvre majeure de la littérature. Couronnée par le prix Pulitzer en 2007, « La Route » a connu un grand succès et a été adaptée au cinéma en 2009 avec Vigo Mortensen dans le rôle principal.
Avec cet album, Manu Larcenet réussit une adaptation d’une originalité absolue et pourtant d’une totale fidélité. En posant son trait sous les mots du romancier, en illustrant les silences du récit, l’artiste s’est approprié l’univers sombre et fascinant du roman de Cormac McCarthy.
D’un roman-culte il a fait un album d’une beauté saisissante, à la fois puissant et poignant.
Incontestablement un des chefs-d’oeuvre de la bande dessinée moderne.
Cormac McCarthy a signé plusieurs romans phares dont « La Route » mais aussi « No Country for old men », également adapté par les frères Coen au cinéma. Son oeuvre est essentiellement disponible aux éditions de L’Olivier (et Points), associées à Dargaud sur ce projet. L’écrivain est décédé le 13 juin 2023.
Son roman, publié aux Éditions de l’Olivier et chez Points pour la version poche, a été vendu à près de 800 000 exemplaires.
Une leçon de résistance et d’espoir, de père en fils
Dans un monde post-apocalyptique en plein hiver éternel, où l’humanité dévastée est devenue cannibale, un père et son jeune fils cheminent en portant un caddie chargé de débris et de trouvailles utiles à leur voyage vers la côte sud, où il fait moins froid.
Sur la route, afin de meubler le temps et le silence, père et fils parlent et échangent leur reflexions à travers des conversations à coeur ouvert tandis que les dangers mortels et les découvertes épouvantables ne manquent pas à l’appel.
Pour leur ultime défense, le père garde toujours avec lui son revolver contenant deux balles. Sur ce, je ne vous en dis pas plus, vous le découvrirez en lisant l’album.
Cet album est l’adaptation du roman éponyme Prix pullitzer 2007 de Cormac McCarthy qui par ailleurs a également été adapté au cinéma ( nominé au Lion d’Or 2009 ): nous parlons donc d’un chef d’oeuvre unanime que, pour ma part, je ne découvre que maintenant.
Les thèmes sombres y sont nombreux : la survie dans une humanité en proie au chaos, à la famine et au froid, la peur au ventre, les choix et les risques que nous sommes prêts à prendre pour vivre un jour de plus sans céder à la bestialité face à l’horreur.
Mais dans ces ténèbres, il y a aussi la résistance et l’espoir, la transmission de cet espoir du père à son fils, et l’amour de la vie, même de la survie à tout prix. Ne jamais abandonner, ni céder à la bestialité.
Étant la seule constante, la route qu’ils suivent sans relâche, s’arrêtant à peine pour se reposer, devient le symbole de leur idéal : celui de « toujours rester en mouvement », toujours avancer et de croire que le meilleur reste à venir.
Manu Larcenet a réussi à recréer un univers dantesque, graphiquement pestilenciel, si je puis m’exprimer ainsi, grouillant de ruines, d’ordures et de charognes.
Les dessins sont exécutés à l’encre noire ultra-fine et précise, avec un nuancier de gris et terre de Sienne et l’auteur n’a pas lésiné sur les détails riches et les reliefs foisonnants.
Et le résultat est tout simplement hallucinant : une atmosphère lourde et poussiéreuse qui fait plisser les yeux, des reliefs chaotiques et des silhouettes cadavériques.
L’effet est saisissant, effroyable et, malgré tout, esthétique, parfaitement en phase avec le thème de l’histoire.
Pour ma part, il m’a été impossible de lâcher cet album avant de l’avoir fini : cette vision de Larcenet est sûrement un aperçu des enfers dont nous, les êtres humains, sommes à la fois les architectes et les monstres.
Aperçu :
La note De Lire Délire
La phrase que je garde en souvenir :
Le bon point : Un chef-d’œuvre graphique qui me rappelle un peu L’Enfer de Dante des frères Brizzi et une ode à la résistance et à la transmission de l’espoir de père en fils, que je recommande.
Le moins bon point : qui n’en est pas un, je précise que cet album est un thriller du genre horreur et épouvante, âmes sensibles s’abstenir.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Dites moi tout en commentaires !