Aujourd’hui nous allons parler de l’album intitulé Les esclaves oubliés de Tromelin de Sylvain Savoia, paru en octobre 2020 aux éditions Dupuis, de la collection Aire Libre, 128pages.
Synopsis
L’île des Sables, un îlot perdu au milieu de l’océan Indien dont la terre la plus proche est à 500 kilomètres de là… À la fin du XVIIIe siècle, un navire y fait naufrage avec à son bord une « cargaison » d’esclaves malgaches. Les survivants construisent alors une embarcation de fortune. Seul l’équipage blanc peut y trouver place, abandonnant derrière lui une soixantaine d’esclaves.
Les rescapés vont survivre sur ce bout de caillou traversé par les tempêtes. Ce n’est que le 29 novembre 1776, quinze ans après le naufrage, que le chevalier de Tromelin récupérera les huit esclaves survivants : sept femmes et un enfant de huit mois.
LE SAVIEZ-VOUS ? En 1761, après le naufrage du navire L’Utile, une embarcation de la Compagnie française des Indes orientales, 80 esclaves malgaches furent abandonnés sur l’île de Tromelin, située à l’est de Madagascar dans l’océan Indien. Ils ont survécu pendant 15 ans sur cet îlot d’un kilomètre carré, en recréant une micro-société. Seuls sept femmes et un bébé ont été retrouvés sur l’île lorsque le navire est finalement venu les chercher le 29 novembre 1776. Leur tragique destin a marqué l’histoire de l’esclavage et de la survie dans des conditions extrêmes.
1761 : Naufragés sur l’île des Sables
Les esclaves oubliés de Tromelin de Sylvain Savoia est une bande dessinée documentaire qui nous emmène au cœur de l’Océan Indien, sur un îlot minuscule et isolé entre l’Île Maurice, La Réunion et Madagascar.
Ce lieu, l’île des Sables appelé aussi l’île Tromelin, fut le théâtre d’une tragédie navale méconnue au XVIIIe siècle : en 1761, le navire L’Utile s’y échoua, transportant à son bord le capitaine Lafargue, son commandant Castillant, leur équipage et une centaine d’esclaves malgaches.
De ce drame, seules sept survivantes et un bébé furent secouru·e·s, quinze ans plus tard. Sur ce, je ne vous en dis pas plus, vous le découvrirez en lisant le livre.
Pour ma part : instructif et dépaysant
L’œuvre de Savoia se distingue par sa richesse instructive et son caractère dépaysant.
Le récit est basé sur une expédition scientifique archéologique de 2008, à la recherche des vestiges des naufragés de l’Utile en 1761 durant laquelle l’auteur illustrateur fut chargé de tenir un carnet de voyage.
Cette double narration, entre l’aventure archéologique contemporaine et la reconstitution historique du naufrage et des années de survie des esclaves, est magnifiquement mise en valeur par des dessins réalistes et détaillés.
Les couleurs vives et les aquarelles ajoutent une touche de poésie et de recueillement à cette histoire dramatique : je me suis vraiment sentie esseulée, isolée sur cette île deserte et inhospitalière du bout du monde.
Savoia parvient à interpréter avec précision les éléments archéologiques et à reconstituer savamment le drame de ce naufrage.
Son récit, centré sur le destin de Tsimiavo, une jeune esclave malgache dont le prénom veut littéralement dire « Celle qui n’est pas arrogante », est un puissant témoignage de résilience et d’espoir qui m’a particulièrement émue.
Mention spéciale : L’auteur utilise certains mots et métaphores issues de la culture malgache dans les dialogues de Tsimiavo afin de rendre notre expérience encore plus immersive. La fin de l’album propose un dossier détaillé des découvertes archéologiques ayant inspiré l’histoire, offrant un complément précieux à la lecture. Je recommande vivement.
Aperçu :
La note De Lire Délire
*La phrase que je garde en souvenir :
« Ce qui nous entoure nous apparaît trop souvent comme un décor, difficile d’en saisir la réelle complexité et l’enchainement hasadeux qui a permis de nous rendre témoins de cet équilibre. Notre analyse est trop immédiate, impossible de prendre le temps d’identifier et de saisir ce que chaque détail implique. Peut-être sommes-nous trop rapides, sans cesse sollicités par l’abstrait , par l’ailleurs, par la culpabilité de l’inaction, ici, je peux m’arrêter. Je peux m’asseoir et observer le cycle des vagues, le vol réfléchi et hiérarchisé des oiseaux. (…) Et pourtant, au fond de moi, une petite voix me murmure que c’est une douce illusion. »
Sylvain Savoia, Les esclaves oubliés de Tromelin, Dupuis, 2020
+ Le bon point : Les esclaves oubliés de Tromelin est un album biographique et historique remarquable pour sa qualité narrative et documentaire . C’est à la fois un beau voyage, une aventure fascinante et une émouvante quête de mémoire au bout du monde.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Dites moi tout en commentaires !